1 août 2007

Vendredi 20 juillet et Samedi 21 Juillet 2007. Rapallo / Chiavari...


Rapallo.

Encore une ville structurée : la gare, quelques artères, la mer, quelques parcs ombragés : rien qui ne puisse marquer ma mémoire. Nous croisons Christophe Colomb, le génois, qui pointe du doigt l'horizon comme pour nous rappeler que c'est là où tout se passe. Les cabines alignées laissent, par moments, sortir des corps dévêtus. Un noir vend des sacs, des colliers. Si Pasolini est mort à Sestri, je suis morte ici. Peu à peu, la torpeur gêne, le râle m'envahit. J'accepte de faire partie, un moment, de cette carte postale. Rien sauf cette chaleur qui semble inculquer aux gens des démarches nonchalantes. Les claquettes frottent sur le sol tandis que les glaces fondent mollement sur la promenade de bord de mer. Sur la petite plage publique, où nous sommes installées, quelques vieilles femmes parlent assises sur les rochers. Des corps brûlés par le soleil se laissent glisser dans l'eau, en manifestant quelques réticences.
Assise à la terrasse du bar, qui surplombe la baie, la lumière rasante de fin d'après-midi, fait glisser un voile blanc sur les maisons parsemées de pins.

Chiavari.

Encore et encore des axes, artères symétriques, modernes qui entourent la gare et la plage. Le centre ville, lui, nous offre une fraîcheur surprenante. La pierre nous donne une sensation troglodyte, tandis que les vitrines nous inondent de produits de luxe en tout genre. Sur les bancs, on s'arrête, on discute, on lit le journal. Partout dans les parcs, les jardins, sur les bords de mer, à la terrasse
des cafés... Les journaux sont dépliés, repliés, parcourus… Puis abandonnés. La promenade de bord de mer, ultra-moderne, en palissade et métal chromé, offre une fontaine et palmiers qui ombragent la pelouse d’un vert parfait. Deux vieux hommes marchent vers nous. Je les arrête, je leur demande de poser. Ils acceptent. L'un n'a presque plus de dent, il porte un débardeur bleu marine, la peau tannée par le soleil. Je pense à Hemingway, j'ai trouvé mon vieil homme sur le bord de mer. Il nous parle affectueusement en italien, nous raconte une histoire de langue, de bouche et de commercial. J'avoue ne pas avoir tout compris, mais j'ai senti le plaisir de cet instant fugace partagé. Ils nous saluent puis reprennent leur promenade... Leurs mains s'agitent au fur et à mesure de la conversation.

Cinque Terres.

À la sortie de la gare, nichée près de la mer, nous arrivons sur une placette où pullulent des hordes de touristes. ça y est, il ne s'agit pas que d'italiens en vacances.. Mais bien d'allemands, de japonais, d'américains... Toute cette agitation se passe sous les yeux des vieux locaux, assis sous une fresque, qui me fait frissonner... Un peu d'art propagandiste... Une fois de plus pour respirer, il faut prendre de la hauteur. Les poètes sont alors avec nous devant la baie où le soleil illumine la mer. Les maisons accrochées les unes aux autres ressemblent à un jeu de domino. Ici, je m'imagine Pasolini fumant une cigarette, humant le vent de l'infini nature. En redescendant dans la plage-port, une scène de conversation masculine s'offre à nous. Sur des chaises en plastiques, sur les marches, les conversations s’entremêlent... Tandis que les touristes passent.. L'étroitesse du lieu renforce la juxtaposition de deux états de vie, deux états d'être là. Ceux qui vivent toute leur vie a ce rythme, ceux qui se figurent appartenir à ce lieu paradisiaque en y traînant leurs tongs quelques instants. Le renfoncement, la hauteur du lieu donne à ce microcosme, des allures de scène de théâtre. En hauteur, une femme en maillot et lunettes de soleil lit un journal face à l'horizon...

Lise.


Rapallo /Chiavari.

Marcher dans les traces de quelqu'un n'est jamais évident... Il faut faire des enjambées trop courtes ou trop longues, la marche devient alors contrainte et forcée, et la démarche devient ridicule... Suivre les mots de quelqu'un est tout aussi impraticable. Le temps a usé ce que Pasolini nous a laissé. Ses mots sonnent vides et faux, parfois une envie de les rayer me traverse, tout a changé... Et puis de temps en temps c'est l'accord parfait entre les mots d'hier et les images d'aujourd'hui. Alors tout devient facile et plaisant. Pasolini a dessiné l'itinéraire, à nous d'en faire notre propre voyage, celui de notre époque, avec ces plaisirs et ces déceptions.

Anne.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Beau travail, je trouve les photos vivantes et originales, ce voyage restera un souvenir du haut de la pile alors profitez en à fond et encore bravo.
stef
stéphane@groupefugitif.com