Pescara / Ancona
Quelle étrange ville qu’Ancona, plaque tournante du voyage... Rien ne ressemble, dans le centre de la ville, à une ville côtière mais au bout de la rue un énorme ferry qui part pour la Grèce. Tandis que le train, qui passe le long du port, charge et décharge les flux de touristes... Un week-end de fin d'été… Passent et défilent les vacanciers qui repartent laissant la ville déserte... Quelques marins dans les rues, un mendiant, un homme avec son chien... Que diable, que l'on nous donne des passants à photographier...
Lise.
Ancona.
Les ports ont le pouvoir de transporter loin... Les énormes ferries à quai sont prêts à partir. Accoudée au rebord, je rêve... Le désir d'ailleurs grandit, la ville est vide, comme si tout le monde avait été aspiré par cette envie de découverte. Les voitures sont bien rangées, les enfants doivent être excités. Pourquoi n'étions-nous pas dans cet état d'intense excitation en empruntant le chemin quotidien jusqu'à la boulangerie ? La mer s'ouvre sur tout ce qu'il reste à découvrir, heureusement nous sommes petits et que le monde est vaste... Je rêverai encore longtemps...
Anne.
25 août 2007
Samedi 18 août 2007. San Benedetto del Tronto…
San Benedetto del Tronto.
Une grande lassitude m'envahit... Une fois encore nous avons les pieds dans le sable, est-ce différent ? Peut-être... Ici le sable est fin, les gens un peu moins bronzés... Mes yeux sont fatigués, sûrement une histoire de luminosité... Une envie de neige, compensée par une glace... Une envie de nouveauté, compensée par un nouveau trajet...
Anne.
San Benedetto del Tronto.
Encore ce rien qui me colle au corps au fur et à mesure que j'avance dans cette ville... Irrépressible envie de fuir en courant... Station balnéaire organisée, sans charme... Comme Pier Paolo je ne laisserai pas mon coeur à San Benedetto...
Lise.
Une grande lassitude m'envahit... Une fois encore nous avons les pieds dans le sable, est-ce différent ? Peut-être... Ici le sable est fin, les gens un peu moins bronzés... Mes yeux sont fatigués, sûrement une histoire de luminosité... Une envie de neige, compensée par une glace... Une envie de nouveauté, compensée par un nouveau trajet...
Anne.
San Benedetto del Tronto.
Encore ce rien qui me colle au corps au fur et à mesure que j'avance dans cette ville... Irrépressible envie de fuir en courant... Station balnéaire organisée, sans charme... Comme Pier Paolo je ne laisserai pas mon coeur à San Benedetto...
Lise.
Vendredi 17 août 2007. Pescara...
Bari / Pescara.
Nous quittons le Sud pour retrouver le Nord de l'Italie, comme Pasolini, nous abandonnons la pagaille, la fureur, la moiteur, la familiarité, la rudesse pour retourner vers une ville balnéaire comme de nombreuses déjà croisées sur la côte méditerranéenne... Je ne ressens rien dans cette ville, si ce n'est un ennui profond. Tout est organisé, comme chronomètre par les allées et venues vers la mer. Rien... Rien, pas d'images à montrer, pas d'impressions sauvegardées... Que de contraste avec le Sud qui dans tout son désordre offre tant de choses à partager. « Adieu Sud, immense capharnaüm, grouillement de miséreux, de voleurs, d'affamés, de sensuels, pure et obscure réserve de vie! » (Pasolini)
Lise.
Jeudi 16 août 2007. Lecce / Alberobello...
Lecce.
Je quitte la route de Pasolini, pour retourner au Sud dans les terres, vers Lecce... Ville baroque construite dans une pierre blanche qui se fait splendeur lorsque le soleil vient l'illuminer... Les églises baroques regorgent de sculptures, de frises, toutes leurs façades sont précieusement ouvragées... Scène de mariage à l'italienne tandis que dans la même église se ruent les touristes... Étrange chevauchement de deux instants de vie... Dans les ruelles, je croise encore des hommes âgés, devant un garage, avec la même simplicité que la veille, ils posent pour moi... Quelle magie que cette journée passée à Lecce, une ville qui se fait voluptueuse pour vous bercer.
Lise.
Alberobello.
Une journée touristique en famille. Je suis noyée dans un flot de touristes italiens avides d'exotisme, et le village de logements troglodytes d'Alberobello ne les déçoit pas. C'est sûr ça fait fonctionner l'imagination... Qui n'a jamais rêvé de visiter des maisons très probablement habitées par des nains sorciers aux rites douteux ? Finalement M. Disneyland n'a rien inventé, il est facile de faire rêver les gens... Juste avec des petites cabanes, qui sont loin des HLM d'aujourd'hui... Chacun ramènera sa reproduction de « trulli », la posera sur la commode et, au moins pendant un temps, elles sera le centre des récits de voyages...
Anne.
Je quitte la route de Pasolini, pour retourner au Sud dans les terres, vers Lecce... Ville baroque construite dans une pierre blanche qui se fait splendeur lorsque le soleil vient l'illuminer... Les églises baroques regorgent de sculptures, de frises, toutes leurs façades sont précieusement ouvragées... Scène de mariage à l'italienne tandis que dans la même église se ruent les touristes... Étrange chevauchement de deux instants de vie... Dans les ruelles, je croise encore des hommes âgés, devant un garage, avec la même simplicité que la veille, ils posent pour moi... Quelle magie que cette journée passée à Lecce, une ville qui se fait voluptueuse pour vous bercer.
Lise.
Alberobello.
Une journée touristique en famille. Je suis noyée dans un flot de touristes italiens avides d'exotisme, et le village de logements troglodytes d'Alberobello ne les déçoit pas. C'est sûr ça fait fonctionner l'imagination... Qui n'a jamais rêvé de visiter des maisons très probablement habitées par des nains sorciers aux rites douteux ? Finalement M. Disneyland n'a rien inventé, il est facile de faire rêver les gens... Juste avec des petites cabanes, qui sont loin des HLM d'aujourd'hui... Chacun ramènera sa reproduction de « trulli », la posera sur la commode et, au moins pendant un temps, elles sera le centre des récits de voyages...
Anne.
Mercredi 15 août 2007. Bari...
Bari.
« Le démon du voyage me pousse là-bas, vers l'extrême pointe » (p64). Nous n'avons pas rencontré ces démons-là... Nous coupons le talon de la botte, non pas que ce talon aiguille soit repoussant, mais le temps nous manque... Le train trace une diagonale entre Taranto et Bari. Une nouvelle mer... Voilà le deuxième dimanche de la semaine : les rues de Bari Vecchia sont pleines du vide silencieux des jours fériés. Repas de familles, tables sorties dans la rue, un air de fête tranquille. Partout des hôtels religieux jalonnent les rues, des voix s'échappent des maisons, comme si ici vivants et morts partagaient le même monde...
Anne.
Bari.
Encore une ville nouvelle et au bout la vieille ville qui regorge de ruelles... On sent que le lieu a été restauré. La pierre blanche capte le soleil, la lessive inonde le lieu de senteurs savonnées... Des hôtels pour les saintes et les saints à chaque angle donnent un caractère de crèche à cet endroit… Vision tronquée de la ville car le quinze août désertifie les rues… Une vieille femme sort de chez elle, alors que j'admire un hôtel. Elle s'assied et pose pour moi en toute simplicité. Instant de glissement, de légèreté, de torpeur qu'une ville déserte peut offrir. Quel visage aura-t-elle ce soir ou demain?
Bari le soir.
Le long de la promenade qui mène à la vieille ville, les gens se dirigent vers les restaurants à la tombée de la nuit. Les tenues brillantes, strass, robes échancrées, talons immenses et chemises parfumées... C'est le début d'une soirée d'été et la ville revêt un autre visage, elle ouvre ses rues aux plaisirs de la nuit...
Lise.
« Le démon du voyage me pousse là-bas, vers l'extrême pointe » (p64). Nous n'avons pas rencontré ces démons-là... Nous coupons le talon de la botte, non pas que ce talon aiguille soit repoussant, mais le temps nous manque... Le train trace une diagonale entre Taranto et Bari. Une nouvelle mer... Voilà le deuxième dimanche de la semaine : les rues de Bari Vecchia sont pleines du vide silencieux des jours fériés. Repas de familles, tables sorties dans la rue, un air de fête tranquille. Partout des hôtels religieux jalonnent les rues, des voix s'échappent des maisons, comme si ici vivants et morts partagaient le même monde...
Anne.
Bari.
Encore une ville nouvelle et au bout la vieille ville qui regorge de ruelles... On sent que le lieu a été restauré. La pierre blanche capte le soleil, la lessive inonde le lieu de senteurs savonnées... Des hôtels pour les saintes et les saints à chaque angle donnent un caractère de crèche à cet endroit… Vision tronquée de la ville car le quinze août désertifie les rues… Une vieille femme sort de chez elle, alors que j'admire un hôtel. Elle s'assied et pose pour moi en toute simplicité. Instant de glissement, de légèreté, de torpeur qu'une ville déserte peut offrir. Quel visage aura-t-elle ce soir ou demain?
Bari le soir.
Le long de la promenade qui mène à la vieille ville, les gens se dirigent vers les restaurants à la tombée de la nuit. Les tenues brillantes, strass, robes échancrées, talons immenses et chemises parfumées... C'est le début d'une soirée d'été et la ville revêt un autre visage, elle ouvre ses rues aux plaisirs de la nuit...
Lise.
Mardi 14 août 2007. Picola Marina...
Picola Marina.
Une plage de la mer Ionnienne offre une eau translucide, luisante de douceur. Sur le sable, le quinze août approchant, les familles sont alignées, serrées les unes contre les autres…Tout s'organise dans un calme et une entente cordiale. Torpeur du soleil irradiant Picola Marina de plaisir et de douceur...
Lise.
Une plage de la mer Ionnienne offre une eau translucide, luisante de douceur. Sur le sable, le quinze août approchant, les familles sont alignées, serrées les unes contre les autres…Tout s'organise dans un calme et une entente cordiale. Torpeur du soleil irradiant Picola Marina de plaisir et de douceur...
Lise.
Lundi 13 août 2007. Matera...
Matera.
Un autre petit écart sur cet itinéraire côtier si parfaitement dessiné... Encore un site classe par l'Unesco... La lumière blanche est trop forte, un instant j'impression que ce lieu, comme un décor en carton va prendre feu. Déambulation aveugle au travers de ce village vide.
Anne.
Matera.
Vestige d'ingéniosité, temps d'une splendeur construite par l'homme. Petites maisons serrées les unes contre les autres qui surgissent des flans de la montagne... Entre intérieur, grotte, et extérieur, façade.. Un moment hors du temps...
Lise.
Un autre petit écart sur cet itinéraire côtier si parfaitement dessiné... Encore un site classe par l'Unesco... La lumière blanche est trop forte, un instant j'impression que ce lieu, comme un décor en carton va prendre feu. Déambulation aveugle au travers de ce village vide.
Anne.
Matera.
Vestige d'ingéniosité, temps d'une splendeur construite par l'homme. Petites maisons serrées les unes contre les autres qui surgissent des flans de la montagne... Entre intérieur, grotte, et extérieur, façade.. Un moment hors du temps...
Lise.
Dimanche 12 août 2007. Taranto...
Taranto.
Deux villes en une… La vieille ville, comme Syracuse, est jalonnée de ruelles et semble prête à s'effriter à chaque instant. Tandis que la nouvelle s'organise en grandes artères et des immeubles robustes. Quelques chiens errants, on klaxonne sur notre passage… Ville portuaire industrielle qui porte encore une trace de richesse... Un enfant en moto, qu'il fait vrombir, nous demande du feu... Ses amis se baignent dans le port, au loin les raffineries... Errance du dimanche, j'attends de voir demain, la ville avec ses habitants... Non comme un théâtre dominical vide.
Le soir, nous sortons sur le port qui se fait tout autre… De nombreuses familles se sont installées à des tables en plastique le long du port. Ils mangent des parts de pizzas achetées dans les petites boutiques de l'autre côté de la rue. Les enfants jouent à cache-cache, tandis que les adultes discutent bruyamment... Fraîcheur d'un soir d'été éclairé par les néons de la ville. Un chien s'approche d'une table, l'homme se lève, le fait fuir en jetant une chaise. Une énorme femme, habillé en noir, dont les bras reposent sur ses bourrelets mange une glace... Tout ici est pasolinien...
Lise.
Taranto.
La tragédie des villes le dimanche a servi à Taranto... Une fois encore toute la population a disparue, les ruelles du vieux Taranto, ressemblent à un décor d'après-guerre, tout est sur le point de s'écrouler, personne ne vit ici, sauf les chiens errants. Les petites rues ombragées deviennent angoissantes... Pas mieux dans la ville nouvelle. Sur le port des enfants, trop gros, plongent, rêvant aux plages lointaines.
Et puis le soir tout change, les tables et les chaises en plastiques sont sorties, les familles installées mangent des pizzas bon marché, un air de fête flotte partout. « Regarde cette grosse dame qui mange sa glace, avec ses gros bras qu'elle ne peut plus lever, ça c'est vraiment l'Italie » me souffle une suisse qui mange a côté de nous, joyeuse et, comme nous, repue de ce spectacle sans fin.
Anne.
Deux villes en une… La vieille ville, comme Syracuse, est jalonnée de ruelles et semble prête à s'effriter à chaque instant. Tandis que la nouvelle s'organise en grandes artères et des immeubles robustes. Quelques chiens errants, on klaxonne sur notre passage… Ville portuaire industrielle qui porte encore une trace de richesse... Un enfant en moto, qu'il fait vrombir, nous demande du feu... Ses amis se baignent dans le port, au loin les raffineries... Errance du dimanche, j'attends de voir demain, la ville avec ses habitants... Non comme un théâtre dominical vide.
Le soir, nous sortons sur le port qui se fait tout autre… De nombreuses familles se sont installées à des tables en plastique le long du port. Ils mangent des parts de pizzas achetées dans les petites boutiques de l'autre côté de la rue. Les enfants jouent à cache-cache, tandis que les adultes discutent bruyamment... Fraîcheur d'un soir d'été éclairé par les néons de la ville. Un chien s'approche d'une table, l'homme se lève, le fait fuir en jetant une chaise. Une énorme femme, habillé en noir, dont les bras reposent sur ses bourrelets mange une glace... Tout ici est pasolinien...
Lise.
Taranto.
La tragédie des villes le dimanche a servi à Taranto... Une fois encore toute la population a disparue, les ruelles du vieux Taranto, ressemblent à un décor d'après-guerre, tout est sur le point de s'écrouler, personne ne vit ici, sauf les chiens errants. Les petites rues ombragées deviennent angoissantes... Pas mieux dans la ville nouvelle. Sur le port des enfants, trop gros, plongent, rêvant aux plages lointaines.
Et puis le soir tout change, les tables et les chaises en plastiques sont sorties, les familles installées mangent des pizzas bon marché, un air de fête flotte partout. « Regarde cette grosse dame qui mange sa glace, avec ses gros bras qu'elle ne peut plus lever, ça c'est vraiment l'Italie » me souffle une suisse qui mange a côté de nous, joyeuse et, comme nous, repue de ce spectacle sans fin.
Anne.
16 août 2007
Samedi 11 août 2007. Reggio / Crotone / Taranto...
Entre Reggio et Taranto.
Il n'y a rien entre la mer et le train. La mer s'allonge comme un long ruban, parfois monotone, laissant de temps en temps la place à une minuscule plage. Et soudain arrive un autre décor : un décor du Sud, des dunes jaunit par le soleil d'été, des champs d'oliviers parfaitement ordonnés, des vieilles pierres, du vide, des milliers de kilomètres de vide. La sécheresse s'est abattue ici enlevant au paysage tout le vert… Ici tout est fané. De Crotone nous ne verrons que la gare, nous cherchons les voleurs de Pasolini, mais rien. Ici tout est calme, ça ressemble au Far West, mais John Wayne n'a pas poussé les portes du saloon, et le train n'a pas sifflé trois fois...
Anne.
Reggio / Crotone / Taranto.
Une longue journée de train où nous basculons dans une autre Italie où la pauvreté, l'aridité des habitations s'affirment. Comme à l'époque de Pier Paolo, les champs dorés et les oliviers jalonnent la côte. Le train s'arrête plusieurs fois au milieu de nulle part. Les immeubles aux trompe-l’œil de la Ligurie sont bien loin. Ici, pas de superflu, uniquement du béton et du crépis. La beauté d’une zone aride, désertique. Nous glissons jusqu'à Taranto...
Lise.
Il n'y a rien entre la mer et le train. La mer s'allonge comme un long ruban, parfois monotone, laissant de temps en temps la place à une minuscule plage. Et soudain arrive un autre décor : un décor du Sud, des dunes jaunit par le soleil d'été, des champs d'oliviers parfaitement ordonnés, des vieilles pierres, du vide, des milliers de kilomètres de vide. La sécheresse s'est abattue ici enlevant au paysage tout le vert… Ici tout est fané. De Crotone nous ne verrons que la gare, nous cherchons les voleurs de Pasolini, mais rien. Ici tout est calme, ça ressemble au Far West, mais John Wayne n'a pas poussé les portes du saloon, et le train n'a pas sifflé trois fois...
Anne.
Reggio / Crotone / Taranto.
Une longue journée de train où nous basculons dans une autre Italie où la pauvreté, l'aridité des habitations s'affirment. Comme à l'époque de Pier Paolo, les champs dorés et les oliviers jalonnent la côte. Le train s'arrête plusieurs fois au milieu de nulle part. Les immeubles aux trompe-l’œil de la Ligurie sont bien loin. Ici, pas de superflu, uniquement du béton et du crépis. La beauté d’une zone aride, désertique. Nous glissons jusqu'à Taranto...
Lise.
Vendredi 10 août 2007. Reggio di Calabria...
Syracuse-Reggio.
Quitter la Sicile pour retrouver le continent, trop vite... Reggio est une ville de transit, au bord du bras étroit de mer qui sépare l'île du continent. Sur la promenade du bord de mer, une animation radio diffuse les hits de l'été. Des jeunes se pressent tandis que les policiers fument, en discutant. Une ville de transit, rien si ce n'est cet entredeux, entre la Méditerranée et la côte ionienne. Rien que cet entredeux de notre voyage, de nous... C'est déjà beaucoup.
Lise.
Reggio di Calabria.
Transit. un train, et un train dans un bateau, on parcourt le minuscule espace de mer qui sépare ces 2 Italies. Reggio fait partie de ses villes haltes, ni attachantes ni repoussantes, on y passe trop fatigué pour avoir une opinion affirmée. La Sicile est à la fois lointaine et toute proche. Ce soir sur l'île en face, il pleut, le ciel est gris, noir… Ici, il fait bon, une fois de plus, nous avons semés les nuages en route...
Anne.
Quitter la Sicile pour retrouver le continent, trop vite... Reggio est une ville de transit, au bord du bras étroit de mer qui sépare l'île du continent. Sur la promenade du bord de mer, une animation radio diffuse les hits de l'été. Des jeunes se pressent tandis que les policiers fument, en discutant. Une ville de transit, rien si ce n'est cet entredeux, entre la Méditerranée et la côte ionienne. Rien que cet entredeux de notre voyage, de nous... C'est déjà beaucoup.
Lise.
Reggio di Calabria.
Transit. un train, et un train dans un bateau, on parcourt le minuscule espace de mer qui sépare ces 2 Italies. Reggio fait partie de ses villes haltes, ni attachantes ni repoussantes, on y passe trop fatigué pour avoir une opinion affirmée. La Sicile est à la fois lointaine et toute proche. Ce soir sur l'île en face, il pleut, le ciel est gris, noir… Ici, il fait bon, une fois de plus, nous avons semés les nuages en route...
Anne.
Jeudi 09 août 2007. Noto...
Noto.
Déferlante de touristes... Je doute des photos que je fais, pourquoi seraient elles différentes, et si c'est le cas, en quoi ? le nombre de déclencheurs pressés, sur la centaine d'appareils photos autour de moi me fais peur. Les monuments s'exhibent sous nos yeux, attirant le regard dans leurs directions uniquement.... Les souvenirs seront les mêmes, les commentaires auront le même fond, le temps, le soleil... « c'est magnifique, il faut que tu voies ça ». Chemins balisés, trop empruntés, difficile de se perdre... Dommage, mais quoi qu’il en soit, si un jour tu y passes arrêtes toi...
Anne.
Noto.
Ancienne ville qui recèle toutes les beautés typiques prisées par les touristes. Assise sur un banc je regarde, à l'heure cuisante de la journée, la débauche touristique. Le short se fait de plus en plus court, tandis qu'un homme s'endort, affalé sur un banc, un autre s'asperge d'eau... Un couple s'avance, du pas ferme et décidé de ceux qui doivent voir des belles choses vite et bien. S'instruire, voir, enregistrer pour pouvoir raconter. Mais un voyage peut-il se raconter ? Etat infantile entre l'émerveillement de l'étranger et l'envie ponctuelle de rentre chez soi... Elle, la banane cadenassée au ventre, arbore un chapeau de paille et de grandes lunettes de soleil tandis que lui, porte l'incontournable short, l'appareil numérique vissé à la main qu'il soulève mécaniquement à chaque pas. Il est responsable du souvenir tandis qu'elle lui parle, en français:
« Non, alors tu comprends, je lui ai dit que ça se fait pas... J'ai bien fait non ? Il fallait lui dire quand même...
-Hum, Hum... Oh c'est beau hein... Hein c'est beau... »
Puis, il prend une photo de l'allée sans s'arrêter. Ils repartent tandis qu'elle continue de lui parler. Etrangeté de la traversée d'un lieu inconnu en parlant toujours et uniquement de soi...
Lise.
Déferlante de touristes... Je doute des photos que je fais, pourquoi seraient elles différentes, et si c'est le cas, en quoi ? le nombre de déclencheurs pressés, sur la centaine d'appareils photos autour de moi me fais peur. Les monuments s'exhibent sous nos yeux, attirant le regard dans leurs directions uniquement.... Les souvenirs seront les mêmes, les commentaires auront le même fond, le temps, le soleil... « c'est magnifique, il faut que tu voies ça ». Chemins balisés, trop empruntés, difficile de se perdre... Dommage, mais quoi qu’il en soit, si un jour tu y passes arrêtes toi...
Anne.
Noto.
Ancienne ville qui recèle toutes les beautés typiques prisées par les touristes. Assise sur un banc je regarde, à l'heure cuisante de la journée, la débauche touristique. Le short se fait de plus en plus court, tandis qu'un homme s'endort, affalé sur un banc, un autre s'asperge d'eau... Un couple s'avance, du pas ferme et décidé de ceux qui doivent voir des belles choses vite et bien. S'instruire, voir, enregistrer pour pouvoir raconter. Mais un voyage peut-il se raconter ? Etat infantile entre l'émerveillement de l'étranger et l'envie ponctuelle de rentre chez soi... Elle, la banane cadenassée au ventre, arbore un chapeau de paille et de grandes lunettes de soleil tandis que lui, porte l'incontournable short, l'appareil numérique vissé à la main qu'il soulève mécaniquement à chaque pas. Il est responsable du souvenir tandis qu'elle lui parle, en français:
« Non, alors tu comprends, je lui ai dit que ça se fait pas... J'ai bien fait non ? Il fallait lui dire quand même...
-Hum, Hum... Oh c'est beau hein... Hein c'est beau... »
Puis, il prend une photo de l'allée sans s'arrêter. Ils repartent tandis qu'elle continue de lui parler. Etrangeté de la traversée d'un lieu inconnu en parlant toujours et uniquement de soi...
Lise.
Mercredi 08 août 2007. Siracusa...
Siracusa.
Ville effritée, sorte de théâtre abandonné qui tient sur un fil, au bord de l'eau. La poussière qui s'échappe des murs, se dépose sur les voitures. Quelques silhouettes, des enfants, se baignent sur la plage. Vestiges d'un lieu prestigieux, sentiment que le souffle du grand large amenuise les façades, les gens... Mais la nuit venue, la ville s'anime, se fait autre. Le barbier s'active tandis qu'un orchestre joue Piazza Archimede. Vie, rire, joie... On s'interpelle, on discute... Encore une fois un écart entre le jour et la nuit. Deux visages d'une ville qui passe de la tragédie a la joie.
Lise.
Siracusa.
Un nom qui évoque des tas de belles images... Et pourtant c'est la décadence et la langueur du sud qui parcourent le paysage. Espérons que le vent ne souffle pas trop fort, Siracusa disparaîtrait dans un nuage de poussière. Les façades décrépies s'alignent dans les ruelles minuscules, avec la beauté et la fraîcheur d'une autre époque. Rien ne bouge, les vagues claquent. La chaleur, dans les pires moments de l'après-midi, comme une main lourde vient vous étrangler. C'est l'Italie et un peu plus encore, une île à part, où il fait bon se laisser aller au rien du tout.
Anne.
Ville effritée, sorte de théâtre abandonné qui tient sur un fil, au bord de l'eau. La poussière qui s'échappe des murs, se dépose sur les voitures. Quelques silhouettes, des enfants, se baignent sur la plage. Vestiges d'un lieu prestigieux, sentiment que le souffle du grand large amenuise les façades, les gens... Mais la nuit venue, la ville s'anime, se fait autre. Le barbier s'active tandis qu'un orchestre joue Piazza Archimede. Vie, rire, joie... On s'interpelle, on discute... Encore une fois un écart entre le jour et la nuit. Deux visages d'une ville qui passe de la tragédie a la joie.
Lise.
Siracusa.
Un nom qui évoque des tas de belles images... Et pourtant c'est la décadence et la langueur du sud qui parcourent le paysage. Espérons que le vent ne souffle pas trop fort, Siracusa disparaîtrait dans un nuage de poussière. Les façades décrépies s'alignent dans les ruelles minuscules, avec la beauté et la fraîcheur d'une autre époque. Rien ne bouge, les vagues claquent. La chaleur, dans les pires moments de l'après-midi, comme une main lourde vient vous étrangler. C'est l'Italie et un peu plus encore, une île à part, où il fait bon se laisser aller au rien du tout.
Anne.
Lundi 06 août 2007. Amalfi / Ravello...
Ravello.
Le bus tournicote. A chaque virage c'est un peu plus serré, et on monte un peu plus. Comment ont-ils réussi à construire des maisons si haut... La falaise et la mer forment presque un angle droit. Tout est si bien encastré... Le vertige me chatouille l'estomac. Ravello est trop calme, trop paisible, ça semble presque faux. Et tout au bout du bleu, mer et ciel se confondent.
Anne.
Dimanche 05 août 2007. Salerno / Positano...
Salerno.
Salerno flâne en cette fin de matinée dominicale. On déjeune, on boit un café. Le vent souffle. Les grandes montagnes de la côte amalfitaine s'embrasent par instants. C'est dans cette étrange atmosphère que nous montons à bord du ferry pour Positano. Alors commence un voyage dans l'univers des modestes, des gens du peuple qui à bord d'un bateau se dirigent vers Positano. Ils espèrent peut-être atteindre le haut, les riches, en gravissant les marches qui serpentent dans la ville. Ma tête tourne dans ce bourdonnement humain, ces chairs, ces corps entassés frottés qui furètent dans les rues commerçantes. Claquettes, fesses, seins, lunettes, yeux, j'ai la nausée...En haut, encore, un instant de grâce lorsque la nature offre la beauté de la roche dans l'eau limpide... La beauté se trouve toujours en haut, au dessus de la marée humaine....
Lise.
Positano.
La côte Amalfitaine brûle, comme la peau des touristes, vite. Une fumée blanche flotte... Y a-t-il une fonction « paysage enfumé » dans le menu de l'appareil numérique ? La plus belle côte d'Europe, et il ne serait pas possible de faire la meilleure photo, celle qu'on montrera au retour, celle qui fera rêver ? Pas de chance, ils sont là le jour où, encore, la côte est ravagée par les flammes. Une chorégraphie bien réglée se met en place sur le ferry, les visages tournés dans la même direction, les bras levés, l'appareil numérique au bout des doigts, ça pose, ça sourit, fabrication instantanée de souvenirs déjà évaporés... Et je suis au milieu... Et la côte n'en finit pas d'être dévorée par les flammes...
Anne.
Samedi 04 août 2007. Naples...
Naples.
Ruelles, arrière cours, poissons dans la rue... Une femme sur une vespa prend la pose tandis qu'un couple de vieux s'engueulent dans la rue. C'est plutôt elle qui crie... Les gens sourient.. Un homme passe sa tête sous l'eau dans une cour... Les draps sèchent, inondant les rues d'odeur de lessive. Chez « Michele », après avoir pris notre ticket, nous mangeons une margarita dans une sorte de cantine napolitaine où les conversations vont bon train. Un couple de japonais contraste de sobriété, de calme, dans ce tourbillon culinaire... Rires, conversations passionnées. Le Sud résonne à plein nez.
Lise.
Ruelles, arrière cours, poissons dans la rue... Une femme sur une vespa prend la pose tandis qu'un couple de vieux s'engueulent dans la rue. C'est plutôt elle qui crie... Les gens sourient.. Un homme passe sa tête sous l'eau dans une cour... Les draps sèchent, inondant les rues d'odeur de lessive. Chez « Michele », après avoir pris notre ticket, nous mangeons une margarita dans une sorte de cantine napolitaine où les conversations vont bon train. Un couple de japonais contraste de sobriété, de calme, dans ce tourbillon culinaire... Rires, conversations passionnées. Le Sud résonne à plein nez.
Lise.
11 août 2007
Vendredi 03 août 2007. Capri...
Capri.
La photo sera accrochée au mur, trophée glorieux du « j'y étais »... Ils ont lancé le tourisme dévorant et détruit le plaisir de prendre son temps... Le japonais c'est le bulldozer du voyage, vite et grossièrement fait... Collectionner les 7 merveilles du monde et toutes les autres. Capri en faisait partie, la « Grotta Azzura » en tête... « Comme on le sait, on pénètre dans la grotte azur par un trou étroit, aussi est-il nécessaire de s'allonger sur la poupe, pour ne pas se cogner la tête contre la roche. Une fois dedans, c'est tout a la fois une désillusion et une découverte : rien n'est jamais beau comme on l'imagine, et tout et plus beau! » (p42). Rien de plus à ajouter, rien n'a changé, c'est simplement beau, et ça le japonais ne s'y est pas trompé...
Anne.
Capri.
Je cherche... Je cherche encore, toutes ces chansons qui décrivent cette île. Mais rien ne vient, rien qui me soit donné à voir ne m'inspire. Capri la belle... Je vois, j'entends le son des pièces, des caisses et des billets. Je vois des Japonais, des Français, des Allemands, petits portefeuilles sur pattes venus admirer les magasins de luxe qui dégueulent dans les rues coincés entre les hôtels trois ou quatre étoiles. « Moi, cet après-midi, je veux faire les magasins. Mais c'est cher maman... Je m'en fous, je ne veux pas acheter. Je veux juste voir, ça me suffit... » Devant a Grotta Azura, on nous laisse dans le bateau avec une autre occidentale… Les propriétaires de la barque, qui doivent nous mener dans la grotte, chargent les japonaises qui sont avec nous... Nous nous regardons, consternées de voir qu'il s'agit bien la d'une sélection monétaire... Ici, si tu payes on te considère sinon, tu n'es pas là.
Je trouve le charme de Capri en fin d'après-midi. Au bout de l'île, au pied du phare, la lumière inonde la mer. La falaise forme une petite crique dans laquelle les gens se baignent, leurs cris de joie remonte jusqu’à nous. Cette plage privée ressemble aux cabanes de pêcheurs au sortir de Marseille. Alors je peux entendre Barbara me souffler de voir ici Capri la belle. Je respire, je ne cherche plus. Je souffle.
Lise.
La photo sera accrochée au mur, trophée glorieux du « j'y étais »... Ils ont lancé le tourisme dévorant et détruit le plaisir de prendre son temps... Le japonais c'est le bulldozer du voyage, vite et grossièrement fait... Collectionner les 7 merveilles du monde et toutes les autres. Capri en faisait partie, la « Grotta Azzura » en tête... « Comme on le sait, on pénètre dans la grotte azur par un trou étroit, aussi est-il nécessaire de s'allonger sur la poupe, pour ne pas se cogner la tête contre la roche. Une fois dedans, c'est tout a la fois une désillusion et une découverte : rien n'est jamais beau comme on l'imagine, et tout et plus beau! » (p42). Rien de plus à ajouter, rien n'a changé, c'est simplement beau, et ça le japonais ne s'y est pas trompé...
Anne.
Capri.
Je cherche... Je cherche encore, toutes ces chansons qui décrivent cette île. Mais rien ne vient, rien qui me soit donné à voir ne m'inspire. Capri la belle... Je vois, j'entends le son des pièces, des caisses et des billets. Je vois des Japonais, des Français, des Allemands, petits portefeuilles sur pattes venus admirer les magasins de luxe qui dégueulent dans les rues coincés entre les hôtels trois ou quatre étoiles. « Moi, cet après-midi, je veux faire les magasins. Mais c'est cher maman... Je m'en fous, je ne veux pas acheter. Je veux juste voir, ça me suffit... » Devant a Grotta Azura, on nous laisse dans le bateau avec une autre occidentale… Les propriétaires de la barque, qui doivent nous mener dans la grotte, chargent les japonaises qui sont avec nous... Nous nous regardons, consternées de voir qu'il s'agit bien la d'une sélection monétaire... Ici, si tu payes on te considère sinon, tu n'es pas là.
Je trouve le charme de Capri en fin d'après-midi. Au bout de l'île, au pied du phare, la lumière inonde la mer. La falaise forme une petite crique dans laquelle les gens se baignent, leurs cris de joie remonte jusqu’à nous. Cette plage privée ressemble aux cabanes de pêcheurs au sortir de Marseille. Alors je peux entendre Barbara me souffler de voir ici Capri la belle. Je respire, je ne cherche plus. Je souffle.
Lise.
Jeudi 02 août 2007. Ischia / Forio...
Ischia.
Ile bruyante, sorte de réunion pour riches touristes, débarqués pour la journée tentant d'effleurer, de toucher ce qu'ils n'auront jamais. Villas perchées dans la montagne dominant la baie. Ici, plus de Visconti, non, plus que des vieilles femmes toutes de marques vêtues, des enfants baignant dans un paradis doré.
En hauteur, les résidents se distinguent par leur sobriété, leur rudesse... Une vieille femme tente de se hisser dans le bus, les portes se referment. Elle pousse un cri puis se hisse.
Forio.
Une petite église domine la baie... Son blanc immaculé constelle l'horizon. Ici, loin de l'arrivée bruyante du port d'Ischia, une quiétude toute méditerranéenne. De quatorze à seize heures, tout s'arrête, le temps, les vies, les déambulations, les mouvements de corps sont induits par les rayons du soleil. Je transpire... Souffle tentant d'insuffler à mon corps une légèreté qu'il ne retrouvera que seize heures passées, je le sais. Une bonne soeur se faufile au milieu des vacanciers qui glissent vers la plage.
Lise.
Ischia/Forio.
« Le silence bien heureux de la solitude »… Je lis Ella Maillard, pas vraiment en osmose avec l'endroit...
Anne.
Mercredi 01 août 2007. Naples...
Naples.
Il n'y a pas de frontière nette, mais la rupture est sensible : nous entamons notre traversée du sud. Grande ville grouillante, à la circulation insensée… le Vésuve paraît éteint à côté de cette agitation urbaine incessante. Des ruelles grises, où les gens tuent le temps... À l'ombre... Une misère joyeuse. Des hurlements, des klaxons, des cris, des rires... Pas de doutes c'est la ville qui est en éruption, ma tête bouillonne de souvenirs... D'ailleurs...
Anne.
Naples.
Naples est une gifle, une ville qui vous fouette, vous heurte puis vous picote de plaisir. Naples est érotique, partout sur les bancs, sous les arbres, des couples s'enlacent. Si Pier Paolo parle de Livorno comme une ville où le sexe est possible, pour moi c'est ici. Les gens sont sanguins et durs, mais brûlent de sexe, de sueur.
Naples tourbillonne de klaxon, de fumée rappelant ses soeurs et frères des ports : Marseille, Istanbul, Alexandrie... Naples s'oppose à Rome. Elle me dégoûte et me fascine, m'absorbe, me déborde.
Lise.
Mardi 31 juillet 2007. Sabaudia...
Sabaudia.
Tandis que le mont Circeo s'offre à la mer, un homme se masturbe dans sa voiture. Nous retrouvons enfin une immense plage ou les vagues se jettent… Retour d'un sentiment d'immensité, d'une nature brute.
Lise.
Sabaudia.
« Mais quelle ville étrange que Sabaudia : on ne peut oublier cette folie hybride (...) »
Je ne comprendrais jamais cet homme... Plus la route se dévoile plus je me rend compte que Pasolini et moi on est pas sur la même longueur d'onde... Sabaudia est cette endroit paisible et calme où il n'y a rien a faire, juste goûter a ce qui est là. La mer a encerclé la plage et a posé son bras sur les dunes, de loin le Monte Circeo observe, un peu embrumé... Un accès, l'unique pont qui relie le bras et les dunes, c'est bleu et vert, je me laisse transpercer par ce paysage.
Anne.
Tandis que le mont Circeo s'offre à la mer, un homme se masturbe dans sa voiture. Nous retrouvons enfin une immense plage ou les vagues se jettent… Retour d'un sentiment d'immensité, d'une nature brute.
Lise.
Sabaudia.
« Mais quelle ville étrange que Sabaudia : on ne peut oublier cette folie hybride (...) »
Je ne comprendrais jamais cet homme... Plus la route se dévoile plus je me rend compte que Pasolini et moi on est pas sur la même longueur d'onde... Sabaudia est cette endroit paisible et calme où il n'y a rien a faire, juste goûter a ce qui est là. La mer a encerclé la plage et a posé son bras sur les dunes, de loin le Monte Circeo observe, un peu embrumé... Un accès, l'unique pont qui relie le bras et les dunes, c'est bleu et vert, je me laisse transpercer par ce paysage.
Anne.
Lundi 30 juillet 2007. Ostie...
Ostie.
Même pour mourir, Ostie reste un endroit sordide. Aucun accès à la plage, je n'ai aucune idée de la couleur du sable, ni même de la couleur de l'eau... Trop polluée. Au bord de la mer, les gens se baignent dans des piscines... Une triste banlieue... Coincée entre une route et une mer grise. Une ligne sans fin où le sac plastique prend plaisir à traîner sur l'herbe jaunie, pas d'erreur de décor : le western moderne a commencé...
Anne.
Rome. Saint Pierre.
En haut de la coupole, je vomis toute la richesse de l'Eglise. Ca sent le pouvoir, les tractations. Je suis au coeur d'une démonstration architecturale et artistique de l'opulent pouvoir de l'Eglise catholique, dont on ne peut nier la beauté. Ici, tout est disproportionné. Y compris les dizaines de groupes qui fourmillent, la camera ou l'appareil numérique vissé au poing. Ils marchent suivant leur guide. Flash sur la Pieta, flash sur la coupole... Je pense à Martin Parr et Thomas Struth. Je me demande s’ils savent ce que c'est que regarder...Voir... Le sais-je moi-même?
Ostie.
Grande banlieue de Rome. Grande promenade sordide, bord de mer où l'inaccessibilité ne nous surprend plus. Des sacs plastiques volent dans les terrains vagues. Les plages privées sont désertiques, je m'interroge sur la nécessité de leur si grand nombre. Triste endroit pour mourir, Pier Paolo.
Lise.
Même pour mourir, Ostie reste un endroit sordide. Aucun accès à la plage, je n'ai aucune idée de la couleur du sable, ni même de la couleur de l'eau... Trop polluée. Au bord de la mer, les gens se baignent dans des piscines... Une triste banlieue... Coincée entre une route et une mer grise. Une ligne sans fin où le sac plastique prend plaisir à traîner sur l'herbe jaunie, pas d'erreur de décor : le western moderne a commencé...
Anne.
Rome. Saint Pierre.
En haut de la coupole, je vomis toute la richesse de l'Eglise. Ca sent le pouvoir, les tractations. Je suis au coeur d'une démonstration architecturale et artistique de l'opulent pouvoir de l'Eglise catholique, dont on ne peut nier la beauté. Ici, tout est disproportionné. Y compris les dizaines de groupes qui fourmillent, la camera ou l'appareil numérique vissé au poing. Ils marchent suivant leur guide. Flash sur la Pieta, flash sur la coupole... Je pense à Martin Parr et Thomas Struth. Je me demande s’ils savent ce que c'est que regarder...Voir... Le sais-je moi-même?
Ostie.
Grande banlieue de Rome. Grande promenade sordide, bord de mer où l'inaccessibilité ne nous surprend plus. Des sacs plastiques volent dans les terrains vagues. Les plages privées sont désertiques, je m'interroge sur la nécessité de leur si grand nombre. Triste endroit pour mourir, Pier Paolo.
Lise.
Dimanche 29 juillet 2007. Rome...
Rome.
Nous marchons dans les ruelles de Rome, tranquillité surprenante pour une capitale. Je me laisse aller à regarder, sentir. La sueur coule sur mon front et mes jambes. J'aime ce que cette ville cache dans ses rues. Nous débouchons sur le Vatican où le soleil écrasant aplatit les centaines de personnes qui se pressent vers Saint Pierre. Quel contraste, nous retournons vers les ruelles où la vie se poursuit.
Lise.
Samedi 28 Juillet 2007. Santa Marinella...
Santa Marinella.
Encore une inaccessibilité à la mer, plus nous descendons vers le sud, plus les plages privées deviennent la normalité. Le long de la route des demeures luxueuses fond face à la mer.
Le soir, nous retrouvons Rome l'immense qui nous ouvre ses rues dans la fraîcheur d'une nuit d'été. Le vin nous enivre tandis que le vieux Giovanni Formaggi nous postillonne, faussement, au visage l'Hymne à l'amour. Il a un visage ingrat, le nez en patate et des yeux vides d'expression. Je cherche ses pupilles en vain. Je dois lui envoyer « Sous les ponts de Paris ». Nous courons pour rentrer avant le couvre-feu. Les bonnes soeurs, derrière leur porte verrouillée, nous attendent dans un havre d'air conditionné.
Lise.
Santa Marinella.
Pas grand-chose à dire.... Il y a des endroits qui n'évoquent rien, Santa Marinella sera ce point a ranger dans la case "rien a voir".
Anne.
Encore une inaccessibilité à la mer, plus nous descendons vers le sud, plus les plages privées deviennent la normalité. Le long de la route des demeures luxueuses fond face à la mer.
Le soir, nous retrouvons Rome l'immense qui nous ouvre ses rues dans la fraîcheur d'une nuit d'été. Le vin nous enivre tandis que le vieux Giovanni Formaggi nous postillonne, faussement, au visage l'Hymne à l'amour. Il a un visage ingrat, le nez en patate et des yeux vides d'expression. Je cherche ses pupilles en vain. Je dois lui envoyer « Sous les ponts de Paris ». Nous courons pour rentrer avant le couvre-feu. Les bonnes soeurs, derrière leur porte verrouillée, nous attendent dans un havre d'air conditionné.
Lise.
Santa Marinella.
Pas grand-chose à dire.... Il y a des endroits qui n'évoquent rien, Santa Marinella sera ce point a ranger dans la case "rien a voir".
Anne.
Du 27 au 31 juillet 2007. Rome...
Rome.
Des hordes de touristes... Et des rues désertées par les Romains... 35 à l'ombre, aucun geste possible sans dégouliner... La capitale italienne est un four. Première petite déviation de l'itinéraire pasolinien, mais oublier Rome, c'est comme passer un noël sans sapin, c'est un peu raté. Et Rome reste la ville de son coeur. Là encore j'ai les pieds poussiéreux, mais c'est de la poussière de plaisir.... (Ceux qui me connaissent savent que je passe de bonnes nuits! )
On s'est dit que monter en haut de la coupole de St Pierre ça nous protégerait, je sais pas si ça a marché mais en tout cas on s'est rendu compte qu'atteindre Dieu c'était pas facile, que ça demandait beaucoup de sueur, et finalement c'est pas trop pour nous....
Anne.
Rome.
C'est surprenant comme certains endroits nous donnent rapidement la sensation d'être chez nous. J'erre dans les rues presque désertes, les yeux remplis de ce qu'une grande ville peut offrir... Pas de Romains ou peu... La ville semble livrée aux hordes de touristes qui s'agglutinent devant la fontaine Trevi, s'enfournent dans les magasins. Le bitume fond sous nos pieds. Je pourrai poser mes bagages ici.
Lise.
1 août 2007
Jeudi 26 juillet 2007. Cecina…
Cecina.
Impossible d'accéder à la mer sans payer, ici il n'y a même plus de promenade. Sentiment d'emprisonnement. Tous les bars se juxtaposent pour former une muraille entre la mer et nous. Tout au bout, en sortie de ville, la pinède. Là, l'espace d'un instant la liberté revient. L'air se faufile entre les arbres. Déjeuner sur épines. Les traits de lumières accentuent l'alignement des arbres qui nous offrent leurs ombres... Isolées... Un temps... Un trait... Une respiration. Sans béton...
Lise.
Mercredi 25 juillet 2007. Viarreggio...
Viarreggio.
« Zimmer, Zimmer »… Chambres. Drapeaux hollandais, allemands, anglais, français surplombent les hôtels luxueux du bord de mer. Une large promenade où s'alignent bars et boutiques de luxe. Amoncellement de plages privées encore et toujours. De plus en plus resserrées, elles ferment la vue sur l'horizon. Au bout de la jetée, les pêcheurs leurs tournent le dos.
Livorno, ce soir, semble différente. La promenade de bord de mer, excentrée... Des hommes et des femmes courent tandis que quelques familles ou couples alanguis s'attardent sur le sable profitant des derniers rayons de soleil... Je me rappelle les Etats-Unis.
Lise.
Viarreggio.
Encore un gouffre à vacanciers...
Anne.
« Zimmer, Zimmer »… Chambres. Drapeaux hollandais, allemands, anglais, français surplombent les hôtels luxueux du bord de mer. Une large promenade où s'alignent bars et boutiques de luxe. Amoncellement de plages privées encore et toujours. De plus en plus resserrées, elles ferment la vue sur l'horizon. Au bout de la jetée, les pêcheurs leurs tournent le dos.
Livorno, ce soir, semble différente. La promenade de bord de mer, excentrée... Des hommes et des femmes courent tandis que quelques familles ou couples alanguis s'attardent sur le sable profitant des derniers rayons de soleil... Je me rappelle les Etats-Unis.
Lise.
Viarreggio.
Encore un gouffre à vacanciers...
Anne.
Mardi 24 juillet 2007. Livorno...
Livorno.
Les rues sont remplies de vieillards, portraits fatigués : de leur jeunesse, il ne reste que les mots de Pier Paolo Pasolini. Livorno fait partie de ces villes usées, sans interêt, où les gens sont sombres ou désaxés... Ils errent dans les rues, sans passion. Même la longue promenade n'éveille en moi aucun plaisir... Serais je insensible ?
« Livourne est la ville d'italie où, après Rome et Ferrare, j'aimerais le plus vivre. »
Anne.
Livorno.
Nous avons quitté les montagnes de la Ligurie pour les grands plats du littoral toscan. Le bus file et défile dans cette ville ouvrière, austère et rigide à l'image d'une architecture des années soixante-dix. Les gens m'apparaissent ternes, vidés de toute énergie... Ici pas de rire, ni de glaces... Peu de jeunes ou d'enfants.Je me rappelle Le Havre, la même austérité... Livorno, ville reconstruite, où les hommes nous dévisagent. Je cherche le plaisir Pasolinien, sans jamais le trouver. Pas d'envie, pas d'images, pas envie de prendre cette ville... Je veux me refuser à elle.
Seul dans l'hôtel, vieille demeure du XVIIIème siècle, en retrait de la ville, je sens Pasolini. Le hall, dans lequel nous pénétrons par un tourniquet, offre un coin bar. Le jardin qui court tout autour de la demeure me fait m'imaginer réceptions, soirées rafraîchissantes où Pasolini et Felini pouvaient argumenter.
Quitter Livorno, aller plus au Sud. Avancer, quitter Livorno, angoisse d'un lieu qui vous jette une désillusion, une absence de rêverie au visage.
Lise.
Les rues sont remplies de vieillards, portraits fatigués : de leur jeunesse, il ne reste que les mots de Pier Paolo Pasolini. Livorno fait partie de ces villes usées, sans interêt, où les gens sont sombres ou désaxés... Ils errent dans les rues, sans passion. Même la longue promenade n'éveille en moi aucun plaisir... Serais je insensible ?
« Livourne est la ville d'italie où, après Rome et Ferrare, j'aimerais le plus vivre. »
Anne.
Livorno.
Nous avons quitté les montagnes de la Ligurie pour les grands plats du littoral toscan. Le bus file et défile dans cette ville ouvrière, austère et rigide à l'image d'une architecture des années soixante-dix. Les gens m'apparaissent ternes, vidés de toute énergie... Ici pas de rire, ni de glaces... Peu de jeunes ou d'enfants.Je me rappelle Le Havre, la même austérité... Livorno, ville reconstruite, où les hommes nous dévisagent. Je cherche le plaisir Pasolinien, sans jamais le trouver. Pas d'envie, pas d'images, pas envie de prendre cette ville... Je veux me refuser à elle.
Seul dans l'hôtel, vieille demeure du XVIIIème siècle, en retrait de la ville, je sens Pasolini. Le hall, dans lequel nous pénétrons par un tourniquet, offre un coin bar. Le jardin qui court tout autour de la demeure me fait m'imaginer réceptions, soirées rafraîchissantes où Pasolini et Felini pouvaient argumenter.
Quitter Livorno, aller plus au Sud. Avancer, quitter Livorno, angoisse d'un lieu qui vous jette une désillusion, une absence de rêverie au visage.
Lise.
Lundi 23 juillet 2007. San Tereso / Lerici...
San Tereso / Lerici.
Le bus qui longe la côte se noircit de station en station. Prendre cette ligne relève d'un sport national. Les jeunes affichent les derniers tee-shirts à la mode et portent unanimement des ray bans. Les conversations s'entremêlent comme les corps. On se reconnaît, on se rencontre, se découvre. Quelques vieilles personnes se glissent sur le sièges dans cet entrelacs de casquettes, paréos, strass et claquettes.
Un hélicoptère. Un départ de feu. Un long travelling sur le môle où tous les corps, entre tenues de soirées et maillots de bains tardifs, s'arrêtent pour observer une éventuelle catastrophe... Un événement à vivre qui viendrait pimenter la longueur de cette journée.
Lise.
San Tereso / Lerici.
Une longue promenade au bord de la mer lie ces 2 villages. Un petit goût de Corse, rien de neuf sous le soleil, ni même sous les pins... Les glaces fondent toujours, les maillots de bain se vendent bien, et le week-end, la place sur la plage publique, une bande de 1m20 de large, se gagne après une longue lutte, c'est pire qu'un parking de supermarché...
Anne.
Dimanche 22 juillet 2007. La Spezia...
La Spezia.
« La Spezia est un désert. C'est dimanche ». Pas besoin d'en rajouter, les rues sont vides, seul l'écho de nos pas revient à nos oreilles. Partout dans le monde, les dimanches sont des jours vides.... En quittant La Spezia voila les premiers nuages, les premiers trains bondés, les italiens aussi aiment les week-ends à la plage, on ne sera pas seules... Première ville où le port est l'élément majeur, le matin quand tout est encore presque calme, c'est le plus bel endroit, tout bleu, les ferries ne sont pas en marche, la mer frémit à peine.
Anne.
La Spezia.
La Spezia est un port, ici pas de plage. « La Spezia est un désert » comme disait Pasolini. La nuit tombe. Le snack bar du parc inonde le quartier de musique disco. Quelques ombres avinées se profilent autour du comptoir. En traversant le parc, une voix de femme chantant sur un air de guinguette. Une soirée dansante est organisée, quelques couples de vieillards se donnent l'illusion de retrouver leur vingt ans... L'air frais d'un soir d'été... Seul ce souffle semble permettre aux ombres de se déplacer.
Lise.
« La Spezia est un désert. C'est dimanche ». Pas besoin d'en rajouter, les rues sont vides, seul l'écho de nos pas revient à nos oreilles. Partout dans le monde, les dimanches sont des jours vides.... En quittant La Spezia voila les premiers nuages, les premiers trains bondés, les italiens aussi aiment les week-ends à la plage, on ne sera pas seules... Première ville où le port est l'élément majeur, le matin quand tout est encore presque calme, c'est le plus bel endroit, tout bleu, les ferries ne sont pas en marche, la mer frémit à peine.
Anne.
La Spezia.
La Spezia est un port, ici pas de plage. « La Spezia est un désert » comme disait Pasolini. La nuit tombe. Le snack bar du parc inonde le quartier de musique disco. Quelques ombres avinées se profilent autour du comptoir. En traversant le parc, une voix de femme chantant sur un air de guinguette. Une soirée dansante est organisée, quelques couples de vieillards se donnent l'illusion de retrouver leur vingt ans... L'air frais d'un soir d'été... Seul ce souffle semble permettre aux ombres de se déplacer.
Lise.
Vendredi 20 juillet et Samedi 21 Juillet 2007. Rapallo / Chiavari...
Rapallo.
Encore une ville structurée : la gare, quelques artères, la mer, quelques parcs ombragés : rien qui ne puisse marquer ma mémoire. Nous croisons Christophe Colomb, le génois, qui pointe du doigt l'horizon comme pour nous rappeler que c'est là où tout se passe. Les cabines alignées laissent, par moments, sortir des corps dévêtus. Un noir vend des sacs, des colliers. Si Pasolini est mort à Sestri, je suis morte ici. Peu à peu, la torpeur gêne, le râle m'envahit. J'accepte de faire partie, un moment, de cette carte postale. Rien sauf cette chaleur qui semble inculquer aux gens des démarches nonchalantes. Les claquettes frottent sur le sol tandis que les glaces fondent mollement sur la promenade de bord de mer. Sur la petite plage publique, où nous sommes installées, quelques vieilles femmes parlent assises sur les rochers. Des corps brûlés par le soleil se laissent glisser dans l'eau, en manifestant quelques réticences.
Assise à la terrasse du bar, qui surplombe la baie, la lumière rasante de fin d'après-midi, fait glisser un voile blanc sur les maisons parsemées de pins.
Chiavari.
Encore et encore des axes, artères symétriques, modernes qui entourent la gare et la plage. Le centre ville, lui, nous offre une fraîcheur surprenante. La pierre nous donne une sensation troglodyte, tandis que les vitrines nous inondent de produits de luxe en tout genre. Sur les bancs, on s'arrête, on discute, on lit le journal. Partout dans les parcs, les jardins, sur les bords de mer, à la terrasse
des cafés... Les journaux sont dépliés, repliés, parcourus… Puis abandonnés. La promenade de bord de mer, ultra-moderne, en palissade et métal chromé, offre une fontaine et palmiers qui ombragent la pelouse d’un vert parfait. Deux vieux hommes marchent vers nous. Je les arrête, je leur demande de poser. Ils acceptent. L'un n'a presque plus de dent, il porte un débardeur bleu marine, la peau tannée par le soleil. Je pense à Hemingway, j'ai trouvé mon vieil homme sur le bord de mer. Il nous parle affectueusement en italien, nous raconte une histoire de langue, de bouche et de commercial. J'avoue ne pas avoir tout compris, mais j'ai senti le plaisir de cet instant fugace partagé. Ils nous saluent puis reprennent leur promenade... Leurs mains s'agitent au fur et à mesure de la conversation.
Cinque Terres.
À la sortie de la gare, nichée près de la mer, nous arrivons sur une placette où pullulent des hordes de touristes. ça y est, il ne s'agit pas que d'italiens en vacances.. Mais bien d'allemands, de japonais, d'américains... Toute cette agitation se passe sous les yeux des vieux locaux, assis sous une fresque, qui me fait frissonner... Un peu d'art propagandiste... Une fois de plus pour respirer, il faut prendre de la hauteur. Les poètes sont alors avec nous devant la baie où le soleil illumine la mer. Les maisons accrochées les unes aux autres ressemblent à un jeu de domino. Ici, je m'imagine Pasolini fumant une cigarette, humant le vent de l'infini nature. En redescendant dans la plage-port, une scène de conversation masculine s'offre à nous. Sur des chaises en plastiques, sur les marches, les conversations s’entremêlent... Tandis que les touristes passent.. L'étroitesse du lieu renforce la juxtaposition de deux états de vie, deux états d'être là. Ceux qui vivent toute leur vie a ce rythme, ceux qui se figurent appartenir à ce lieu paradisiaque en y traînant leurs tongs quelques instants. Le renfoncement, la hauteur du lieu donne à ce microcosme, des allures de scène de théâtre. En hauteur, une femme en maillot et lunettes de soleil lit un journal face à l'horizon...
Lise.
Rapallo /Chiavari.
Marcher dans les traces de quelqu'un n'est jamais évident... Il faut faire des enjambées trop courtes ou trop longues, la marche devient alors contrainte et forcée, et la démarche devient ridicule... Suivre les mots de quelqu'un est tout aussi impraticable. Le temps a usé ce que Pasolini nous a laissé. Ses mots sonnent vides et faux, parfois une envie de les rayer me traverse, tout a changé... Et puis de temps en temps c'est l'accord parfait entre les mots d'hier et les images d'aujourd'hui. Alors tout devient facile et plaisant. Pasolini a dessiné l'itinéraire, à nous d'en faire notre propre voyage, celui de notre époque, avec ces plaisirs et ces déceptions.
Anne.
Jeudi 19 juillet 2007. Camogli / Porto Fino / Santa Margherita...
Camogli / Porto Fino / Santa Margherita.
À 30km de Gènes, des maisons carrées aux volets verts aux façades peintes, la douceur des villages de pêcheurs.
« Voici les petits ports, les nids d'aigle, les recoins miraculeux entre des promontoires boisés, les ermitages, les golfes d'émeraude. Plus de chaos. » (p13)
Aujourd'hui le ballet des touristes est interminable, chaos sans cesse alimenté par les ferries, qui déversent sur les petits ports un flot continu. chaque pays a ces petits endroits fréquemment piétinés, on dirait Nice, Cannes, on dirait la Corse... C'est beau, c'est fatigant et l'hôtel de luxe, depuis 1959, n'a pas perdu sa place... Aujourd'hui Rapallo, demain Chiavari... Et la longue route de sable continue de se dérouler sous nos yeux....
Anne.
Camogli / Portofino / Santa Margherita.
La montagne se jette toujours dans la mer, pénétrant du vert sourd de la pinède le bleu profond. Les pics rocheux déchirent l'horizon confrontant cruauté, aridité à la douceur de l’océan. Ici, tous les petits ports sont transformés en lieux de villégiatures fortunées. Tout est organisé , repeint pour donner a voir ce qui est attendu.La surprise ne se trouve pas dans les villages, encore comme des cartes postales où l’artifice se fait roi. Tout est chorégraphié pour obtenir l’image d'un paradis blanéaire, les facades sont peintes en trompe l’oeil pour donner l’illusion de surperbes corniches et moulures.Les baigneurs s'organisent, se croisent sans se toucher. Pour trouver la force, l’essence de ce lieu il faut sortir des villages. Nous empruntons un chemin qui part de Camogli pour rejoindre San Fruoso. Les marches s’accumulent, nous grimpons une partie de la montagne pour atteindre un village. Les potagers nous livrent des odeurs de figues, de fleurs... Nous traversons quelques ruelles et sortons pour poursuivre sur un chemin serpenté couvert par la forêt. Puis nous débouchons subitement sur une partie abrupte, la roche, la mer, le vide. Seule une chaîne s'offre à nous. Plusieurs passages similaires se répètent. Nous sommes obligés de faire corps avec ce que la spécificité de la montagne qui rencontre la mer nous offre. Un fil, un rien sur lequel il faut passer, se hisser, ramper pour pouvoir atteindre l’arrivée. Ici, pas de retour possible. Jubilation, angoisse, fatigue, stress, se mélangent pour obliger notre esprit à prendre le pas sur notre corps. Une peur bleue comme la mer. En redescendant sur San Fruoso, nous retrouvons d'autres baigneurs, d'autres cris qui se font presque chaleureux après ce moment où il n’y avait plus que notre corps et la nature. L’humain tant fuit devient refuge.
Je croise encore un vieil italien en marcel blanc. Je l’épie a travers son portail. Assis sous sa pergola, il regarde la télévision. Captivé, il ne me voit pas. Son ventre rebondi de vieillard, la longitude de son nez, sa calvicie et ses tomates grappas rouges, que j’aperçois par dessus le muret, sa position même, tout me fait penser à mon grand-père.Il rôde au dessus de moi pendant ce voyage dans ce pays qui était le sien...
Lise.
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